Une Aïda « free-stars » remarquable à Munich (Bayerische Staatsoper, Opernfestspiele, July 2023)
La nouvelle production du Bayerische Staatsoper emporte l’adhésion grâce à une cohérence artistique d’ensemble et à la direction de Daniele Rustioni.
“Rustioni dans une Aïda toute en classe et en maîtrise
Dans Aïda, Verdi a montré – parfois même jusqu’à l’extrême – sa toute-puissance en matière de grand opéra et Daniele Rustioni y trouve matière à offrir une lecture passionnante.
Au bout de sa baguette, l’orchestre du Bayerische Staatsoper est en majesté pour cette partition riche (et parfois grandiloquente). Le chef adopte tantôt un rythme lent au profit d’un son ample qui occupe magnifiquement la grande salle du Staatsoper. Parfois les cuivres ou les percussions emplissent la salle jusqu’à la saturer donnant des effets absolument saisissants ; parfois aussi, des accélérations bienvenues apportent de la légèreté à la musique.
Lors de la scène du triomphe, les trompettes placées dans les loges de côté adjacentes à la scène sont bien présentes pour le « show Verdi » exigé alors, mais également parfaitement maîtrisées pour ne pas s’avérer envahissantes.
Pendant la scène du procès de Radamès, l’omniprésence des percussions confère une dimension dramatique inégalable. Enfin pour l’épilogue, alors que surgissent les fantômes, témoins dans une curieuse scène de mariage, le chef sait adopter un étonnant rythme de requiem laissant protagonistes et spectateurs dans l’expectative, entre deuil et délivrance.
Ce soir, à la lecture du programme, l’on aurait pu s’inquiéter de l’absence de stars à l’affiche pour une Aïda, cette œuvre qui aime tellement les excès. Pourtant, grâce à un chef très attentif, aux commandes d’un orchestre aux couleurs somptueuses, à une mise en scène inégale mais forte de fulgurances, le spectacle fut, malgré tout exceptionnel, à la hauteur de ce que l’on attend d’une maison prestigieuse comme le Bayerische Staatsoper.
Ce fut, finalement, une des Aïda les plus cohérentes et excitantes qu’il nous ait été donné de voir ces dernières années.”
Cult News, Paul Fourier