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Accueil contrasté pour Les Troyens à la Bayerische Staatsoper (dont la dernière production remonte à l’été 2001), triomphal pour la musique dirigée par Daniele Rustioni et la distribution

La musique, incontestable: la direction de Daniele Rustioni

“…Très inspirée au contraire la magnifique approche de Daniele Rustioni, qui est l’un des triomphateurs mérités de la soirée. Le public semblait découvrir un chef que nous connaissons bien depuis qu’il a pris les rênes de Lyon, mais qui affronte un répertoire où on ne l’attendait pas, manière pour Serge Dorny de montrer au public que son choix d’en faire le premier chef invité se justifie pleinement, mais surtout manière de prendre date pour une carrière à un moment décisif.

Il y a dans cette œuvre une telle variété d’ambiances, de couleurs, de styles, une telle géniale hétérogénéité qu’il est quelquefois difficile d’en offrir une ligne cohérente.

Rustioni y réussit, en tenant l’orchestre, comme toujours remarquable, – même si un peu déconcentré au quatrième acte…-. Il sait à la fois offrir une lecture claire, faisant ressortir les lignes successives en respectant la couleur des deux œuvres, Son approche de « La prise de Troie » surprend même par son refus du brillant, en adéquation totale avec la couleur de la mise en scène, mais aussi évidemment de la musique, qui reste sombre, dramatique, presque aussi intérieure. Il soutient les chanteurs comme tout bon chef d’opéra, et notamment Marie-Nicole Lemieux et Stéphane Degout, sans jamais les couvrir, les laissant montrer leur science du texte en en faisant entendre tous les détails dans un véritable tissage ligne musicale et ligne textuelle. Quand on a sous la main des artistes aussi doués de musicalité, ce sont des moments magiques.

Il est évidemment plus brillant, plus diversifié, plus coloré dans « Les troyens à Carthage », avec un raffinement marqué dans la recherche des justes couleurs, très lyrique quand il faut, brillant par ailleurs, mais sans jamais être gratuitement rutilant, sans jamais être massif. …Évidemment, l’accompagnement du duo nuit d’ivresse est non seulement d’un raffinement inouï, mais réussit à traduire la couleur un peu mystérieuse et vaguement érotique que la mise en scène à ce moment ignore totalement.

…Au bout du chemin, il y a un rendez-vous réussi avec la musique de Berlioz qui fait l’unanimité, grâce à une direction de grand niveau et une distribution parfaitement adaptée dans les principaux rôles…”

Wanderer, Gui Cherqui

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