Jules Massenet | Hérodiade (version de concert)
“Hérodiade offre cette sensualité qui caractérise souvent la musique de Massenet – l’exquise désuétude de la sonorité du premier violon pour l’air de Salomé en est un bel exemple, un autre étant fourni par le trait enchanteur du saxophone pendant la déclaration amoureuse du tétrarque –, associée à un ton héroïque, voire pompier, qui semble emprunter au passé, quand il ne paraît pas provenir de quelque bande originale de la Paramount ou de la Twentieth Century Fox selon un prisme tant anachronique que délicieux. À la tête de son orchestre de l’Opéra national de Lyon, Daniele Rustioni [photo] en signe une lecture qui en révèle hardiment tout le relief, assumant sans ciller une manière qui pourrait faire sourire quiconque serait venu là dans l’attente d’un art plus subtil. La partition ne manque pas de charme, si d’emblée l’on en accepte la grandiloquence. Mettant à son service la tendresse mélancolique des violoncelles ainsi que la suavité des cordes en général, le chef italien magnifie Hérodiade par la ciselure des parties de bois, délicatement françaises, oserons-nous dire, et les cuivres altiers, tout juste sortis des représentations de Tannhäuser qui, sans conteste, entretinrent le bonne forme. Dès les premiers moments de l’Acte I, on retrouve la saine efficacité du Chœur lyonnais, préparé par Benedict Kearns. Puis c’est un festival vocal qu’offre la soirée.”
Anaclase, Bertrand Bolognesi