Guillaume Tell interroge le pouvoir de la musique à Lyon
...Hélas, peu nombreux sont les interprètes aujourd’hui capables d’interpréter cette partition (et plus généralement le grand répertoire français du XIXème), ce qui explique son actuelle rareté, les œuvres en elles-mêmes étant dignes des plus grands chefs-d’œuvre. L’Opéra de Lyon rassemble ici un plateau vocal très homogène, faisant collectivement triompher le « beau », avec de nombreux moments musicaux d’exception. ...
...Daniele Rustioni, à la tête de son Orchestre, imprime une lecture très picturale de la musique. Aussi l’auditeur peut-il entendre les paysages et les actions inscrites dans la partition par Rossini. Le violoncelle est léger, les timbales souples, les cuivres pétaradants. La battue se montre champêtre dans les passages contemplatifs, et se fait plus nerveuse dans les pages dramatiques (le chœur « Quand l’orgueil les égare » est pris sur un tempo endiablé). Il tait quasiment l’orchestre pour laisser l’émoi amoureux se murmurer dans le duo rassemblant Arnold et Mathilde.
Moins pessimiste que le metteur en scène, la salle comble sait reconnaître la victoire de la belle musique : à défaut de réellement adoucir les mœurs, elle aura ce soir-là attendri les cœurs.
Damien Dutilleul, Olyrix