DON CARLOS À LYON PAR CHRISTOPHE HONORÉ, DE PÈRES EN FILS
Double événement autour du plus long opéra de Verdi. Daniele Rustioni dirige la première quasi-intégrale dans sa version originale française.
...En 2018, on se rend donc à Lyon dans l’espoir d’y trouver le baume de printemps à même de panser les plaies de l’automne parisien : la frustration consécutive à la version Jordan / Warlikowski (toujours pas de ballets, pourtant spécificité parisienne, respectée par Verdi, du grand opéra à la française) faisant peser lourd sur la version Rustioni / Honoré, et particulièrement sur les épaules du metteur en scène français.
...Saluons l’endurance du Chœur et de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon (les deux sont les mêmes que pour le Macbeth de la veille et pour l’Attila du lendemain !). Daniele Rustioni cisèle la partition que de toute évidence il révère, ainsi qu’en témoigne le ralenti, comme à regret, dans la conclusion du premier tableau de l’Acte III d’un des plus beaux thèmes de Verdi, celui de l’amitié de Carlos avec Posa.
CHUTE FINANCIÈRE DE MACBETH À LYON, UN NOUVEL ESPOIR
...Le chœur, excellent, engagé de façon quasi-militante dans des déplacements millimétrés, est un personnage de première importance.
Daniele Rustioni fait alterner avec bonheur le chuchotement (important dans une œuvre où l’on passe son temps à comploter) et le tremblement d’un orchestre qu’il sait entraîner dans le tellurisme d’un Sensurround maison qui pourrait bien être une marque de fabrique.
L’Opéra de Lyon peut se réjouir d’être à l’origine d’une production qui indique combien Macbeth s’impose aujourd’hui comme un des opéras de Verdi les plus réussis (rappelons que l’on y trouve une de ses plus belles mélodies) et combien est intact l’engagement d’une maison qui, depuis un demi-siècle milite sans relâche pour une certaine idée de l’intelligence scénique. Message reçu.
ResMusica, Jean-Luc Clairet