REVIEWS | ResMusica

À Saint-Denis, Daniele Rustioni dans le Stabat Mater de Rossini.
Présent quelques semaines dans la capitale pour reprendre Rigoletto à l’Opéra Bastille,
le nouveau directeur musical de l’Opéra de Lyon Daniele Rustioni livre au Festival de Saint-Denis un solide et touchant Stabat Mater de Rossini. En prenant le contre-pied de l’idée de légèreté trop accolée à la musique du compositeur, sans pour autant alourdir l’œuvre à la façon d’un Requiem de Verdi, le jeune chef italien parvient à agencer le matériau symphonique et choral en lui donnant tout de même un véritable poids, aidé par un quatuor de solistes duquel se démarque la prestation de Joyce El-Khoury.
"Alors qu’il dirige l’Orchestre de l’Opéra de Paris en fosse depuis mai, Daniele Rustioni passe par le Festival de Saint-Denis pour un concert composé d’un unique Stabat Mater de Rossini. L’introduction aux cordes présente une vision sans concession d’une partition parfois anormalement allégée ou au contraire trop alourdie. Sous la baguette du jeune homme, les violons d’un Orchestre de Chambre de Paris parfaitement préparé emmènent l’œuvre vers les sonorités du Requiem de Mozart. Les respirations comme le poids des phrases appellent à un véritable caractère de douleur, renforcé par l’acoustique et l’ambiance de la Basilique de Saint-Denis.
Rustioni réussit à rendre le son lumineux dès Cujus animam gementem en accompagnement du ténor ; il parviendra tout au long de l’ouvrage à travailler sur les différentes atmosphères, qu’il approchera tantôt comme des parties d’une pièce religieuse allemande, tantôt comme celles d’une pièce belcantiste. À cette prestation orchestrale d’excellent niveau, à laquelle la petite harmonie et surtout les cuivres participent, flûtes, cors et trombones en tête, il faut ajouter celle tout aussi convaincante du chœur Les Éléments. Lui aussi parfaitement préparé, il profite d’un effectif de seulement quarante choristes qui permet de n’être jamais trop nombreux pour ne pas risquer de noyer le texte dans la masse. La précision et la diction participent à une touchante retransmission du message religieux dès les mots d’affliction du dolorosa."
ResMusica, Vincent Guillemin

D R